« En étoile autour de Caylus (82)» du 20 au 22 septembre 2023
Ce 8e séjour proposé par Lo Bartas, conduit par Claudie, est un voyage dans l’espace et dans le temps. Jouant avec la météo qui alterne entre petites pluies éparses et grand soleil, les 20 participants de cette escapade automnale ouvrent grands leurs yeux et leur âme devant ce qui constitue une partie des richesses du patrimoine naturel, architectural et artistique de l’est du département du Tarn-et-Garonne. Nous sommes à deux heures de route de Millau, dans le Midi-Quercy, aux portes du GR 46.
Le « camp de base » est à Caylus, dans le centre de vacances « Bord de Ciel » où nous attend la petite équipe familiale – Magali et Mathieu – qui gèrent avec gentillesse et sérieux l’accueil et la restauration du groupe. Qu’ils en soient vivement remerciés !
Rayonnant en étoile, nos pas nous portent pour cette première journée à Ginals où un joyau de l’art cistercien se love dans la vallée de la rivière Seye : l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue. Elle est fondée au XIIe siècle par des moines ermites et est installée sur un domaine de 20 hectares de bois, prés et jardins. Traversant les vicissitudes de l’Histoire, elle doit sa survie à deux passionnés amateurs d’architecture et d’art contemporain qui l’acquièrent : Geneviève Bonnefoi et Pierre Brache. Ils feront don de ce patrimoine au Centre des Monuments Nationaux qui a mis tout en œuvre pour qu’aujourd’hui néophytes, curieux ou connaisseurs aient accès à ce trésor ouvert à tous, loin du tapage parfois outrancier du monde médiatique. Le site de Beaulieu-en-Rouergue se mérite : outre l’abbaye, le logis abbatial et l’église, on y voit la collection permanente d’oeuvres d’art contemporain du couple Bonnefoi-Brache que notre guide Coline présente dans un propos intéressant et accessible même si l’on n’est pas expert en la matière.
C’est à proximité de la roseraie remise au goût du jour par André EVE – rosiériste des Pays de Loire – et du vivier jadis voué à la pisciculture que les membres du groupe ont partagé leur pique-nique à l’ombre des arbres du parc paysager.
Construite en hauteur autour d’un château-fort, Caylus est constituée de ruelles – droites ou tortueuses – parfois pavées, obligeant à la fois à lever la tête pour découvrir un détail des maisons à colombages et à regarder où l’on met les pieds pour ne rien manquer de ce qui s’offre au visiteur. Chacune et chacun s’arrête pour s’interroger, pour commenter et partager ses impressions, ses étonnements, ses émotions.
Une curiosité que ne manque d’admirer le groupe : une sculpture monumentale installée depuis 1954 dans l’église St Jean-Baptiste. Taillée dans un tronc d’ormeau, elle représente un Christ de 5,40 m de hauteur et qui ne laisse pas indifférent le croyant ou l’athée. Réalisée par l’artiste russe Ossip Zadkine (1890 – 1967), un des maîtres de la sculpture contemporaine, et internationalement reconnu, cette œuvre est un signe de sa reconnaissance à la ville de Caylus de l’avoir accueilli quand l’Histoire européenne de l’entre-deux guerres bouscule la vie de l’humanité.
Une montée au sanctuaire Notre-Dame de Livron nous permet d’apprécier le silence de ce site voué à la méditation et de découvrir le chemin de croix accessible par la marche.
Une journée qui se termine avec le sourire et dans la bonne humeur après un original jeu de piste ….
Le soleil est au rendez-vous de cette deuxième journée qui salue l’arrivée de l’automne.
Au départ de Saint-Antonin-Noble-Val, nous partons pour une randonnée dans le cirque de Bône dominant la rivière et les méandres de l’ Aveyron, la forêt de Grésigne : sentiers bordés de murs en pierres sèches, en sous-bois. A 180° s’étire devant nous un paysage fait de la vallée de l’Aveyron au-dessus de laquelle les falaises calcaires du Roc d’Anglars renvoient leur éclat minéral. Nous passons d’un état suspendu – traversant le plateau – à la rivière de l’Aveyron sur laquelle naviguent des canoëistes. Plus tard dans la soirée, nous allons jusqu’au belvédère du Roc d’Anglars regarder le jour qui décline et profiter d’une petite brumisation de la pluie qui reprend.
La découverte pédestre de la cité médiévale de Saint-Antonin-Noble-Val nous rappelle la richesse passée de cette station gallo-romaine, située aux confins du Rouergue et évangélisée par Saint-Antonin. Nous tendons l’oreille pour tenter de retrouver les chants de Ramon Jordan, vicomte de Saint Antonin, un des plus brillants troubadours de son temps. Mais, c’est le chant de l’eau qui déambule sous les ponts de la ville qui nous répond : les dérivations de la rivière Bonnette qui subsistent servaient de tout-à-l’égout et alimentaient les tanneries. Rue Droite, deux habitations se distinguent par leurs clefs de voûtes figurées : la maison de l’Amour qui doit son nom à cet homme et cette femme qui unissent leurs lèvres en un chaste baiser, et la maison du Repentir où, à l’inverse, deux visages se détournent l’un de l’autre.
Randonner, marcher, revenir sur nos pas, piétiner, flâner, déambuler, nous sommes des arpenteurs : autant des chemins escarpés et accidentés que des passages urbains et des vestiges du passé. Nous révisons notre histoire et notre géographie, méditant et/ou bavardant : c’est la magie du « marcher ensemble » !
La météo, placée sous le signe de la pluie, nous oblige à revoir le programme de cette dernière journée. Le choix se porte sur un circuit par la route qui va nous conduire de Caylus à Millau :
– Le village de Laguépie établi sur une presqu’île doit sa prospérité à la construction du pont sur le Viaur dans un premier temps, à la construction de la gare et du pont sur l’Aveyron au XIXe siècle dans un second temps. Il serait un peu fastidieux de développer nos découvertes, toutefois il convient d’évoquer une brève rencontre, touchante, de l’ancien directeur de l’école de Laguépie, instituteur de son état – Maxime Roumagnac – qui peint, fait de la photo, écrit de la poésie. Tête couverte de son chapeau un peu élimé sur les bords, il ne tarit pas d’explications sur son engagement professionnel et sur la notion de transmission aux plus jeunes. Belle rencontre pour le groupe.
– Najac est un des plus beaux villages de l’Aveyron et de France !! La Forteresse Royale située à l’entrée des gorges de l’Aveyron se dessine telle une gardienne des territoires qu’elle domine. C’est un lieu où il faut prendre le temps de cheminer dans le dédale de ses ruelles bordées d’anciennes maisons bien conservées et tenter – si possible – de ne pas se laisser distraire par l’histoire et la dégustation des chocolats de la Chocolaterie du Nouveau Monde !
– L’Abbaye de Loc-Dieu située à Martiel : pique-nique dans un parc de 45 ha et visite commentée de l’Abbaye construite au XIIe siècle par des moines cisterciens, dans ce coin du Rouergue, infesté de malfrats, marécageux où la malaria sévissait.
Plus récemment, l’abbaye de Loc-Dieu s’est illustrée par son engagement au service de l’art. En effet, en 1940, près de 3 000 œuvres ont fait le déplacement dans l’Ouest-Aveyron, dont la plus célèbre d’entre elles : « La Joconde ».
Lorsque nous visitons l’abbaye, « La Joconde » n’est plus là ; elle a réintégré le Musée du Louvre. « Sur place, il ne reste plus vraiment de trace de ce passage. Mais l’Aveyron aura joué son rôle dans la protection des plus belles œuvres du patrimoine français du pillage nazi » (La Dépêche du 29 juillet 2021).
A travers ce périple organisé par Lo Bartas, la démonstration est une nouvelle fois faite que la randonnée pédestre n’est pas une fin en soi mais bien le moyen de s’inscrire – modestement – dans ce qui constitue l’histoire et l’évolution d’un territoire, qu’elles qu’en soient sa taille et sa localisation géographique.
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